Vous arrive-t’il d’associer un son et une couleur, ou un goût et un chiffre ? Ce phénomène s’appelle la synesthésie. Elle est définie comme un « trouble de la perception des sensations, qui fait éprouver deux ou plusieurs perceptions simultanées, à la sollicitation d’un seul sens ».
La synesthésie ne toucherait qu’entre 2 et 5% de la population. Il existe un grand nombre de formes de synesthésie, probablement plus de 80 formes différentes. Ainsi, la synesthésie « sons-couleurs » associe une couleur à une note de musique, quand, dans la synesthésie « sons-odeurs », le son déclenche la perception d’une odeur. Un son peut même être associé à une sensation gustative. Ce « trouble » a été mis à jour dès 1710 par un ophtalmologue britannique, dont l’un patients, aveugle, percevait des couleurs en entendant des sons. Mais il n’avait été qu’assez peu étudié. En revanche, depuis plusieurs années, on trouve davantage de recherches à ce sujet, en particulier sur la forme la plus fréquente, la synesthésie « graphèmes-couleurs », c’est à dire l’association « lettre – couleur » : Quand une lettre de l’alphabet est automatiquement et involontairement associée à une couleur, par exemple le A au rouge. D’un individu à l’autre, ces associations sont différentes : Chez telle personne, le A sera donc rouge, mais chez une autre il sera bleu. Mais pour un même individu, l’association est stable dans le temps : le A sera toujours vu en rouge. Il subsiste néanmoins beaucoup de zones d’ombres, tant sur l’origine de cette « particularité sensorielle », que sur ses conséquences : Il semblerait ainsi que les personnes montrant cette spécificité obtiennent de meilleurs résultats que la moyenne aux tests de créativité, ainsi qu’aux tests cognitifs. Ils auraient également une mémoire supérieure à la moyenne. Certains résultats suggèrent qu’ils confondraient davantage la droite et la gauche, auraient plus de difficultés en mathématiques, parfois en rédaction. La prévalence de la synesthésie serait par ailleurs 4 à 5 fois supérieure chez les autistes que dans la population dans son ensemble. Les chercheurs restent partagés sur l’origine de cette spécificité. Des connections « inutiles » entre zones neuronales, qui disparaissent normalement au cours de la croissance, seraient ainsi conservées. Ceci pourrait avoir des causes en partie génétiques, avec pourtant néanmoins des sauts de génération, voire des cas de jumeaux où l’un seul est synesthète. Ce phénomène ouvre des perspectives intéressantes dans mes deux métiers, celui de Coach d’experts, de managers et de dirigeants, comme celui de Préparatrice Mentale de sportifs. C’est un levier sur lequel je peux m’appuyer pour toute une série de techniques spécifiques. Par exemple le travail de détermination des routines de préparation des sportifs, juste avant de débuter leur compétition, qui fait appel à la visualisation, pourra être encore plus efficace chez ceux qui associent plusieurs sens. Les mêmes bénéfices seront aussi visibles dans le monde du coaching, où je transpose certaines de ces routines issues du domaine sportif : Notamment sur des sujets utilisant la visualisation, comme les techniques de mémorisation, de concentration, ou encore de gestion du stress. Mais si seulement 2 à 5 % de la population est synesthète, la grande majorité des personnes que j’accompagne ne pourraient en bénéficier… La question clé est donc de savoir si on peut devenir synesthète ? Jusqu’à présent, les études concluaient plutôt par la négative… Mais une étude suisse est parvenue à « apprendre » la synesthésie chez une trentaine d’étudiants volontaires, sur la base d’entrainements quotidiens spécifiques. Ils sont ainsi parvenus progressivement à associer 13 couples lettres/couleurs. Les chercheurs ont surtout pu constater des connections nouvelles dans leur cortex cérébral au niveau des zones de perception, et une amélioration de leurs performances de mémorisation liées à la couleur. Ces premiers résultats pourraient laisser entrevoir des possibilités, pour les personnes non synesthètes, de développer leurs compétences d’association sensorielles, et d’améliorer leur potentiel cognitif et créatif. La synesthésie n’est peut-être pas un phénomène aussi « blanc et noir » (!) qu’il n’y paraît. Si elle résulte de connections neuronales anciennes, qui, chez certains, n’ont pas été complètement élaguées, il est possible que nous soyons tous synesthètes, à des degrés divers… Un test réalisé en 2017 par un chercheur néerlandais, N. Roots, est frappant : Une cinquantaine d’étudiants avaient été testés « non-synesthètes ». Ces tests, assez poussés, montraient qu’ils n’étaient pas capables d’associer de manière cohérente et durable, des lettres et des couleurs. Aucun de ces étudiants ne se considérait d’ailleurs comme synesthète. En revanche, testés sur un sous-ensemble de neuf lettres (dont à la fois des voyelles et des consonnes), 41% d’entre eux parvenaient à associer et à maintenir de manière cohérente et durable, et en étant certains de leur association, au moins une association lettre-couleur. Même des personnes testées comme non-synesthètes au départ, présentaient donc certaines compétences synesthètes. N. Roots en conclut que « ce qui fait la spécificité d’un synesthète, ce n’est pas qu’il associe des sons similaires à des couleurs similaires, c’est qu’il en est conscient ». En fait, nous sommes tous des synesthètes en puissance ! Et vous, que voulez-vous faire de votre potentiel de synesthésie ? here to edit.
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AuteurMichèle Raulin. Archives
Décembre 2023
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